par angèle casanova

Vases de cendres, par Christine Zottele (est-ce-en-ciel ?)

vendredi 1er mars 2013

[Faux-texte]

Voici l’histoire. C’est une histoire de fleuve ou de rivière. Elle ne sait jamais. Elles sait seulement qu’il ne faut pas se fier au genre. Ainsi on dit la Dordogne mais il se pourrait que ce soit un fleuve (sur ce cours d’eau, le rédacteur de http://fr.wikipedia.org/wiki/Dordogne_ ne se mouille pas). Mais reprenons le cours de l’histoire. Plutôt qu’un fleuve qui se jette dans la mer, il y aurait à cet endroit précis, l’océan qui porterait une vague jusqu’à la rivière. Il y aurait un jeune homme et une jeune fille qui se jettent dans les bras l’un de l’autre juste au bras de la rivière, là où l’on voit le mieux le mascaret, au lieu dit Saint-Pardon. Là où la vague épouse le fleuve, deux jeunes gens enfants de la rivière se seraient embrassés, portés par la grande vague de l’amour. De la fenêtre de la salle à manger, l’absente les regarde avec un sourire de contentement. Elle n’a pas encore oublié de vivre. Son bien-aimé chante à tue-tête sous la pluie ou sous le soleil mais sur sa moto. Il aime la vitesse, le grand air, la vie sans grands airs. Plus tard, il y a une petite fille sans chaussures qui se jette dans le lit de ses parents – l’homme du fleuve et la femme du mascaret. Elle vient de faire un cauchemar. Bien plus tard, le 13/02/2013, à 13h02, le jour des Cendres, dans la même salle à manger, c’est elle qui prend en photo les photos des personnages de l’histoire. Nos deux grands-pères ressemblent à des acteurs de cinéma. L’un a encore du crin sur la crinière.

[Contexte]

Que faire de la contrainte ? Se souvenir, sourire de X. récusant ce terme pour l’un de leurs premiers échanges textuels autour des Vases. Elle observait les bibelots, les deux petits chiens ressemblant aux deux mascottes de Black and White sur le napperon blanc brodé de blanc. « Les petits chiens de Tante Élise » disait la légende du fichier photo de P.

Ça gêne un peu ces initiales pointées. Tu n’écris pas un roman du XIX e siècle. Tu n’en as rien à faire de la vraisemblance, d’un quelconque effet de réel. Alors pourquoi n’écrirais-tu pas Xavier ou Poivert, c’est déjà un pseudo - au cas où, tu lui demanderas : concentre-toi plutôt sur l’essentiel.

L’autre image, la céramique de Longwy, avait d’abord eu sa faveur – à défaut de ferveur pensant aux hauts fourneaux chantés par Lavilliers mais ça ne cadrait pas avec ce qu’elle savait – savoir encombre sentir sans encombre – de la légende familiale de Poivert. Du lieu dit Saint-Pardon, du mascaret. Restait la dernière photo, celle des cadres dorés argentés de la salle à manger du grand-père, dernier ascendant de l’orpheline qui ne s’appelait pas Cosette.

Ouh là ! Ce n’est qu’un premier jet, d’accord, mais recentre-toi. Lourd ! (en rouge dans la marge). Poivert ne s’appelle pas Cosette. Et son grand-père tu sais très bien comment il s’appelle, il a le même prénom que le tien, André. C’est simple de dire les choses simplement. L’un des André ressemblait à Cary Grant, l’autre ressemble à Gene Kelly, avec moins de crins dans la crinière (à 93ans c’est normal). Concentre-toi. D’abord, l’imparfait et la troisième personne tu y tiens vraiment ? Tu fais le récit de quoi là ?

Un récit de vie(s). Le récit des cendres. Le récit des morts et des vivants.

Les grands mots. Nous y voilà. Tu es sincère là ? Je parie que tu vas enchaîner avec les cendres des illusions des vivants, des cendres de leurs rêves, un énième texte-cendrier quoi…

Pfff…

Pfff… Facile…

[Prétexte]
Bon d’accord, je reconnais tout : la facilité du procédé, la lâcheté de me confronter à la vraie vie figée de ces photos de la salle-à-manger d’André ancien ouvrier agricole maître de chai, unijambiste dès l’âge de 35 ans suite à un accident de moto, vrai bricoleur, qui a toujours eu un petit air à la Gene Kelly, et en a conservé la crinière, même si elle a tendance à se dégarnir depuis quelques années, et à lui donner un faux air de Tintin troisième âge... La contrainte sur laquelle nous nous sommes mis d’accord. Prendre une photo, où que nous soyons, le 13/02/2013 à 13H02 pour les chiffres, un- trois- zéro-deux ou à l’envers deux-zéro-un-trois et de nouveau un-trois-hache-zéro-deux. Pour les chiffres, plus que pour la date. Sinon, pourquoi ne pas choisir, le 12 février date plus signifiante pour moi (grand-mère et mère nées ce jour-là), ou la Saint-Valentin (les élèves me l’ont souhaitée !) mais le 13, je l’avais découvert après, c’était le jour des Cendres. Poivert avait adhéré à l’idée avec son rire vert. L’imprévu avait heurté le prévu de plein fouet. La grand-mère de Poivert avait tiré sa révérence à Saint-Pardon et Poivert s’était retrouvée là-bas, dans la salle à manger d’André. Et les cadres tournés vers le vivant ? Que représentaient les images ? Des vivants bien habillés pour une cérémonie rite de passage ? Une photo pour dire que oui – l’image en témoignait - ce jour-là on était passé du jeu de l’enfance à l’enfance des jeux adultes, et une autre pour témoigner que d’un on était passé à deux, une troisième pour dire qu’il y avait eu un troisième, et un quatrième et les images s’étaient multipliées jusqu’à et cætera. La petite fille en tutu qui sourit sur la photo, c’est elle ? Celle qui dira le 07/08/2006 Moi je serai Gelsomina sinon rien (dans un grand éclat de rire vert). Celle qui posera les yeux et une question essentielle sur une tombe du Père Lachaise La perpétuité ça dure combien de temps ? Celle qui tiendra un court journal « Maman, maman, j’ai rêvé de l’ours » pour exorciser la mort de sa mère – l’écriture pour cracher des noyaux de cerise – dira-t-elle… c’est elle, Poivert ? Poivert qui fera une pause d’écriture et s’absentera de son blog entre 2009 et 2011, reviendra le 5 février 2011, avec ce très bel article « 2/5 ans » où elle dépliera la naissance de son petit bout d’elle et la mort de celle qui lui avait donné des ailes…

Suspends ton vol, oui, ouh là là… Tu recommences à divaguer… Tu semblais presque bien partie pourtant. Certes, il aurait fallu élaguer, mais enfin, tu étais partie. Mais là, le calembour avec les ailes/elle il ne manque plus que des anges déplumés et leurs sourires niais…

Des anges déplumés ? Sérieux ? Pourquoi t’acharnes-tu contre moi ? Tu crois vraiment que c’est trop là ?

CZottele, le 28/02/2013

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