par angèle casanova

Clémente, par François Bonneau

vendredi 7 avril 2017

Si tu ne me demandes qu’un seul mot, alors je dirais bien clémente.
Je t’assure, c’est le premier qui m’est venu en tête. Clémente, oui, à cause de la couleur. Bien sûr que je le dis pour le moment précis où tu m’es apparue. Là, de la manière dont tu te montrais, c’est comme si un calque avec le mot clémente s’était intercalé entre toi et mes yeux, mais souviens toi, aussi, de ce que tu portais, voilà, tu l’as ? À s’habiller comme ça couleur clémentine du col jusqu’à mi-cuisse, c’était facile, aussi, de se dire sans effort que, tiens, voilà une clémente clémentine. Je ne m’en rends compte que maintenant, quand tu me le demandes.
Oui, si je t’avais vue en bleu, j’aurais dit autre chose, pas forcément bien mieux.
Après ? Tu m’as dit que le soir, le palmier revenait.
J’ai trouvé ça gracieux, d’abord. On peut bien se planter. Vu ce que tu portais, je l’ai imaginé clément aussi, ton palmier, orange comme ta tenue, un compagnon sans heurt. Ton sourire s’est résigné. Admets que tu ne m’avais pas tout dit.
Comment je l’aurais su, moi, que derrière tes épaules, le palmier étalait des sourires carnassiers ? Que ses feuilles étaient griffes ?
J’en ai bien entendu, des récits de cauchemars, des gras, des sanguinaires, des salaces et des vides. J’en ai bien entendu, plus souvent qu’à mon tour, mais des palmiers qui mordent ou s’apprêtent à le faire, ça, jamais avant toi. Et tu me dis qu’en plus il vient comme dessiné par un enfant, naïf, traits de charbon ?
Je voudrais bien t’aider. Rhabille-toi donc, aussi.
Que je te désherbe les songes ? C’était le but de tes questions ? Tu crois que ça pourrait marcher ? Tu peux le sentir s’expulser ? Ton palmier est parti, tu crois ?

Je pourrais l’avoir avalé ?
Pas de rancune ? Non, d’accord, mais je ne veux plus te voir qu’en bleu.



© Jacques Cauda, Le rêve.

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