peau de lapin
mardi 11 septembre 2012
y a quoi dedans ?
et dedans ?
et dedans ?
chapelet des questions enfantines
hésitations maternelles
En effet. Y a quoi dedans. Qu’est-ce que ça veut dire. Dedans. La question accroche quelque chose en moi. Le parc de Belleville la rue Vilin, le périph les fortifs. Tout s’emboîte. Poupées gigognes où toute nouvelle poupée engloutit la précédente. Ogresse. Maman dénaturée.
Dedans, il y a c’était mieux avant. Le leitmotiv des vieux qui ont le dedans au fond des yeux. Qui ne peuvent plus voir que ça. Le dedans. La surface des choses, ils y arrivent pas. Etrangère à eux.
Dedans, il y a avant. Tout ce qu’il y a eu avant et avant avant. Lignes fantômes, constructions papiers calques. Tout se superpose. Les limites sont floues, battent la mesure au rythme du changement.
Parce que tout change. Dedans, il y a un autre dedans. Avant, un autre avant. Jusqu’au big bang. Le grand avant.
alors le petit répète
atome adn bozon
et danse et rit et joue
touche son ventre et dit
dedans mon caca
dedans la graine
mais non, c’est dans la maman
que va la graine
et c’est une histoire
de dame et de monsieur
pas pour toi
pourquoi ?
Le parc de Belleville. Avant, là, montait ou descendait, c’est selon, la rue Vilin.
Le périph. Avant, là, se dressaient les fortifs. Rappel sonore. Les couches sédimentent en rimes.
Enfant, je me rêvais archéologue. Gratter le sol avec un bâton, trouver un objet rongé par l’eau, la terre. Le ramener à la surface. Retourner la peau du réel comme celle d’un lapin. Chercher d’où on vient où on va pourquoi on est là comment sont faites les choses. Savoir comment on fait les bébés. Ce qu’il y a dedans. Sous les vêtements. Le corps chaud de la mère. Alors creuser, ramer à contre-courant. Y a quoi dedans. Revenir dedans, pourquoi pas ?
mais non, mon fils
passe à autre chose
oublie-moi
gratte le sol regarde les peaux de lapin
oublie-moi
je ne suis pas
pour toi
pas comme ça