par angèle casanova

mp3 wma audacity et caetera, une recension des Vases communicants de mars 2015, par Angèle Casanova

vendredi 13 mars 2015



Au fil du temps, ma recension des Vases communicants a pris de l’ampleur. Les participants se sont multipliés, leurs textes se sont parfois faits fleuve et j’ai dû m’adapter, de manière à continuer de vous proposer une recension agréable à parcourir et simple d’accès.
Comme, le mois dernier, beaucoup de lecteurs m’avaient fait part de leurs difficultés pour ouvrir l’article et accéder aux lectures des textes, j’ai réfléchi aux solutions techniques à apporter à ce problème. Et puis, au dernier moment, mon choix initial (héberger les lectures sur mon site, pour gagner du temps de chargement) s’est avéré difficile à mettre en oeuvre : mon enregistreur crée les fichiers sons au format .wma, qui ne permet pas d’intégrer des podcasts sous spip (enfin, je n’y suis pas arrivée). J’ai mis un certain temps à trouver un logiciel qui permette de convertir les fichiers .wma en .mp3. Audacity a été compliqué à installer, mais fonctionne désormais. Cependant, une fois cet écueil dépassé, Sébastien de Cornuaud-Marcheteau qui, non content d’être un auteur de talent, est aussi un webmestre averti, m’a conseillé de rester sous Soundcloud : il m’a dit que les capacités de stockage de mon site ne sont pas infinies, et que je risque d’avoir rapidement des problèmes. Il m’a proposé la solution suivante, qui est mise en application dès ce mois-ci : il m’a fourni un bout de code qui permet d’intégrer des sortes de pliures dans le corps de mon article. Lorsque vous cliquez sur la flèche à gauche de Lecture de xx, le cartouche de la lecture Soundcloud apparaît. Vous recliquez dessus, il s’efface. Vous pouvez donc, après avoir lu une piste, la replier et passer à la suivante. Le temps de chargement de la recension reste long, mais l’article ne plante plus, normalement. Signalez-moi tout problème de navigation, au demeurant.
Je tiens à finir cette introduction en m’excusant pour les retards cumulés pour cette recension. En vacances la semaine dernière, je ne suis rentrée que dimanche soir. Depuis, j’ai accumulé les difficultés, comme vous avez pu le constater. Ce cas de figure se renouvellera, je l’espère, le plus rarement possible.
Olivier Savignat n’a pu réaliser la moindre lecture pour cette édition des Vases communicants, et s’en excuse également.
Bonne lecture, et à dans trois semaines.


Note du 3 janvier 2017 : Les lectures ont été supprimées de cet article, mon quota maximal de lectures étant atteint sur Soundcloud. Veuillez m’en excuser.





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François Bonneau et Franck Queyraud
"Principe de ce vase : quelques photos échangées, une expression trouvée (mains humaines) dans Les racines du ciel de Romain Gary. Et le tour est joué…" (Franck Queyraud)
"En ce début mars, j’ai le plaisir d’accueillir Franck Queyraud, chef de projet médiation numérique à Strasbourg à qui l’image parle ; c’est assez naturellement que nous nous sommes lancés autour d’un échange de photos. Je n’ai plus eu qu’à acquiescer quand Franck a également proposé le thème Mains Humaines, formule, bien que parlante, tirée au hasard d’une de ses lectures en cours, Les racines du ciel. Et nous étions partis." (François Bonneau)

Ça n’est pas qu’elle me regarde, non., par François Bonneau @francoisbonneau (blog L’irrégulier)
"Abolir le vacant, digérer le néant
Avec quelques lentilles de verre, en guise de vision.
"
Une main, une plante. Le jeu de l’une sur l’autre. Un poème léger, qui évoque quelque Daphné saisie en plein vol, avant que l’on ne comprenne que ce n’est là qu’une main, qu’un bouquet de feuilles qu’elle effleure, et que cette simplicité-là est bien agréable. Comme une douce brise sur la peau.


Demain, humaines..., par François Queyraud @MemoireSilence (blog Flânerie quotidienne)
"Demain, humaines mémoires… Elle était très âgée. Elle se souvenait de ce froid glacial, de sa pauvre tunique déchirée, de sa faim et de ses ongles noirs, noirs à force de gratter le sol."
Un texte fort, comme Franck nous a habitués à en lire de lui. Ces mains humaines, ce sont celles de sa grand-mère. Et elles en ont vu, ces mains. Et elles en ont sûrement fait, pour rester en vie.
Un texte plein d’amour, décidément, pour la femme qui a ces mains-là.
Ce faisant, Franck, par une belle pirouette, nous fait réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Où le danger rôde. Où les hommes seraient encore capables d’utiliser leurs mains humaines pour charger du bois dans des fours crématoires.


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Pierre Cohen-Hadria et Giovanni Merloni
"En accueillant très volontiers la « provocation » de Piero Cohen-Hadria pour ces #vasesco de mars 2015, je suis vraiment heureux de cette occasion de me plonger dans le souvenir de Gênes… cette ville qui secrètement m’appartient, que je ne connaîtrai jamais jusqu’au bout et que j’aime pourtant sans réserve. Je ne pourrai pas en dire tout ce que j’aimerais en expliquer, en décrire, en raconter… Je me bornerai à des images, forcément fragmentaires, comme le sont les belles photos que Piero m’a envoyées… Parfois, nous passons de moments importants de notre vie dans des endroits uniques sans avoir pourtant le temps ni l’envie de fixer leurs merveilles dans des images, physiques ou virtuelles…" (Giovanni Merloni)

Ce n’est que la lumière. Si Paris est dite de cette qualité, c’est Rome qui la diffuse., par Pierre Cohen-Hadria (site Pendant le week-end)
"si Paris alors avait sa lumière dans la cour de la rue Fabert, chez ma mère, Rome avait aussi la sienne quand une de mes tantes descendait en se dandinant un peu via di Ripetta, prenait-elle via del Fiume, rejoignait-elle le Tibre qui à une coudée de là passe et serpente et va à la mer ?"
Un texte-phrase, sans aucun point, qu’on lit comme on se noit, mais sans pourtant y parvenir. Le phrasé se fait vague, on esquisse des pauses, on reprend son souffle, et on se laisse emporter au fil des voyages de Pierre Cohen-Hadria vers cette Italie qui est sienne au coeur de l’exil familial. Les souvenirs d’enfance, les sensations, les anecdotes s’égrainent et éclairent ce texte d’une lumière toute incarnée.


"Gênes pour moi", par Giovanni Merloni @GiovanniMerloni (site le portrait inconscient)
"Gênes est un port, une plage, une ville aristocratique, une ville populaire. Toutes ces réalités et ces âmes cohabitent dialectiquement et parfois dramatiquement. Mais c’est une cohabitation où chacun est nécessaire à l’autre, la plage battue par le vent et le port industriel, tout comme les quartiers différents qui se vissent l’un sur l’autre profitant de la verticalité, du soleil et du vent."
Giovanni Merloni nous parle de Gênes. Il veut nous faire connaître cette ville qu’il aime. Son analyse, historique, sociologique, est passionnante, et menée sous le signe de la métaphore. Il nous apprend beaucoup. Et ce faisant, se livre à nous. Beaucoup.


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Marianne Desroziers et Stéphane Murat
"Nous sommes partis de l’idée de disparition, de déambulation et de lieu pour écrire chacun un texte." (Stéphane Murat)

Orage au-dessus d’un jardin, par Marianne Desroziers @MarianDesrozier (blog Marianne Desroziers)
"J’allais souvent au jardin
Ecouter le bruit de l’eau
Je l’écoutais en silence
A la fois vidée et repue
Ma respiration au diapason
"
Un long poème onirique, qui flirte avec le fantastique, et m’évoque notamment Tom et le jardin de minuit, de Philippa Pearce. Une promeneuse, un jardin au bord de l’orage, un changement imminent... Un rêve éveillé, peut-être.


Une disparition, par Stéphane Murat (site Notes photographiques)
"C’est un homme qui faisait partie du quartier. Depuis tout petit je le voyais. Il était toujours seul. Il portait un manteau noir. Ses cheveux étaient noirs aussi. Nous, les enfants en avions peur. Nous l’appelions le corbeau. Il habitait seul dans une immense maison magnifiquement décorée de frises, de statues et de bas relief en stuc et en plâtre."
Un homme est mort. Seul. Il a laissé derrière lui sa maison et son patrimoine, celui de la famille Giscard. Un texte très intéressant sur la mort, sur la solitude et l’amitié. Bienvenue à Stéphane Murat, dont c’est la première participation aux Vases communicants.


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Eric Dubois et Marie-Noëlle Bertrand
Un échange autour l’observation contemplative du monde.

Pour rêver, par Eric Dubois @EricDubois (site Les Tribulations d’Eric Dubois)
"Comme le pourquoi des pavés nus
oublie les ciels menaçants
"
Un poème lancinant, qui se veut principe de vie. Pour rêver... La langue d’Eric Dubois, toujours aussi belle, nous emporte dans une ronde enchantée, faite de rêve, de silence et de beauté.


Instantanés : petit poème pas tout à fait en prose, par Marie-Noëlle Bertrand @eclectante (blog La dilettante)
"Le temps d’une cigarette d’une photo de quelques notes Elle ne fut qu’une passante"
Un poème en prose, ou le slash figure le saut à la ligne. Entre chaque slash, une anecdote. Elle se promène, traverse un parc peut-être, regarde autour d’elle et prend des notes. Un poème-promenade pour Marie-Noëlle Bertrand, nouvelle venue parmi nous (enfin, pour de faux, puisque je lis depuis longtemps ses twittaccroches des textes des Vases communicants), dont j’ai eu le plaisir d’apprendre, en lisant sa biographie, qu’elle est également bibliothécaire.


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Françoise Gérard et Dominique Hasselmann
Un échange sur le thème de l’immensité.

Le Rimbaldien, par Françoise Gérard @leventquisouffl (blog Le vent qui souffle)
"L’eau est vive pour les vivants. Les souvenirs des noyés scintillent à la surface de l’écume qu’ils ont caressée. Les noyés nagent en compagnie des sirènes, ils sont les créateurs d’un monde nouveau. Le monde réel n’existe plus, ne reste que les possibles du monde rêvé, le ciel est frère de l’océan, et les âmes naviguent là-haut avec toute la bravoure des marins au long cours."
Un texte au souffle épique, où la mer n’est jamais loin de la mort. Où le Hollandais volant pourrait surgir au détour de la jetée. Et où parfois, un enfant attend, des jours durant, le retour de son père.


Sous la surface sans fin, par Dominique Hasselmann @dhasselmann (blog Métronomiques)
"Je me demande si l’on peut matérialiser cette surface de l’eau, comme une vue plane et géométrique. Y-a-t-il un Pythagore dans les parages ?"
Ce texte est simple. Ce texte est beau. Un nageur part du Havre, et vise l’Amétique, au jugé. Entre deux eaux, il nage. Son voyage se fait géométrique. Son voyage se fait musical. Un vrai plaisir de lecture, tout en sensations, illustré par une belle toile de Françoise Gérard, sous le signe de Turner.


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Danielle Masson et Marie-Christine Grimard
"Un échange de photos et de mots autour du titre, très bien trouvé par Marie-Christine : "Ombres et silhouettes"" (Danielle Masson)

La fin du monde, par Danielle Masson (blog Jetons l’encre à Saint Maximin la Sainte Baume)
"Est-ce du givre paradant sur la vitre d’une fenêtre ?
Qui se cache derrière l’objectif ?
Dans quel monde veut-on m’entraîner ?
La soucoupe d’un extra-terrestre a-t-elle été surprise au lever du jour ?
"
Quand la volaille examine une photographie, Chicken run n’est pas bien loin. Les questions fusent, l’angoisse monte, la fin du monde est pour aujourd’hui, peut-être. Un texte drôle et amusant.


Dans l’ombre de Cézanne, par Marie-Christine Grimard @GrimardC (blog Promenades en Ailleurs)
"Les gens du village pensaient qu’il avait tant aimé ce pays que son âme ne l’avait pas quittée et que lorsque la lumière était belle, il venait encore peindre pour décorer le paradis des artistes."
Une nouvelle prenante, qui fait marcher le personnage dans l’ombre de Cézanne. Jeune retraité, il s’achète une maison au pied de la montagne Sainte Victoire. Le quotidien s’installe, jusqu’au jour où le fantastique fait irruption dans sa vie. Une ombre étrange se profile.


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Camille Philibert-Rossignol et Rixile
"Pour cet échange de blogs qui participe des Vases Communicants, Clothide Daubert et moi sommes parties sur le vagin." (Camille Philibert-Rossignol)

Mais, pourquoi Wonder Woman possède deux vagins ?, par Camille Philibert-Rossignol @Kmillephilibert (blog la pelle est au tractopelle ce qu’est la camomille à camille)
"En une demi-seconde l’écran indique 37 notices ayant pour objet vagin. Pas bézef. Juste pour me faire une idée je lui demande de compléter par une recherche thésaurus de phallus, et là devant mes yeux esbaudis s’affiche le chiffre 289. Dix fois plus. Incompréhensible. Visiblement le vagin n’intéresse pas des masses."
Camille Philibert-Rossignol a écrit toute une série de textes autour de la figure de Wonder Woman. A l’occasion de la dite journée de la femme, elle réutilise cette figure superhéroïque pour étudier la notion de vagin. Drôlatique, farfelue et mimant le sérieux avec beaucoup de panache, elle se livre à une étude statistique très précise de l’occurrence du mot vagin dans les résultats de recherche sur mon outil professionnel préféré, Electre. Une réflexion intéressante, sous un habillage réjouissant.


Dans le creux, par Rixile @Rixilement (blog Rixile)
"Il fallait aller chercher la définition à la page 1062, entre vagabonder et vague, la vague étant illustrée par l’estampe de Hokusai, Dans le creux d’une vague au large de Kanagawa.
Le vagin n’était pas dessiné mais sa place entre le vagabond et la vague l’illustrait mieux que n’importe quelle représentation saugrenue.
"
Rixile approche le vagin par le dictionnaire. Celui de l’enfance, que l’on feuillette en cachette de ses parents, pour voir enfin à quoi ressemblent les corps des papas et des mamans. Le vagin s’y dessine dans le creux entre vagabonder et vague et peine encore à exister. Le corps reste une abstraction qui se découvrira, de l’apprentissage vers la maîtrise du français.


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Olivier Savignat et François Vinsot
"Plaisir partagé d’une écriture à deux voix" (François Vinsot)

La poésie s’est inventée elle-même un soir de grande solitude., et , par Olivier Savignat @oliviersavignat (blog Sous mes doigts la pluie) et François Vinsot @francoisVinsot (blog francoisvinsot)
CITATIONS
"La poésie s’est inventée elle-même un soir de grande solitude" (François Vinsot)
"Malmenés par la tourmente
grains de sable épuisés
déposés dans la nuit
" (Olivier Savignat)
Un poème mélancolique, sous le signe de l’insurrection et de la cosmogonie. Les éléments traversent le poète, seul, qui goûte le vent du bout des lèvres. En silence.


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Justine Neubach et Angèle Casanova
Partir d’une oeuvre aimée, plastique, littéraire, musicale, cinématographique... Et en parler.

Nathalie Granger, par Justine Neubach @JNeubach (site "Mettre sa nuit en lumière")
"C’est une enfant qui suit des chats, qui les attrape, qui les dépose dans sa poussette, mais les bêtes fuient. Toujours. Un chat, cela vous glisse entre les mains. Cela refuse. L’enfant, alors, a ce geste brutal, tandis que la poussette roule, de l’envoyer voler sur le côté, sans émotion ; puis de s’arrêter froidement, et l’instant d’après sans la ramasser, de quitter le cadre."


Justine Neubach a choisi de parler du film Nathalie Granger, de Marguerite Duras. Ce film, je ne l’ai pas vu. Mais je le verrai. Une petite fille y apparaît. Dans toute sa complexité. On y voit un peu le petit garçon abandonné à lui-même dans le film Le petit fugitif de Morris Engel, Ruth Orkin et Raymond Abrashkin. Ou bien, dans la série télévisée Six feet under, le personnage de Brenda Chenowith qui, enfant, avait été étudiée comme un rat de laboratoire par ses parents psychiatres. Un enfant sauvage, seul, étrange aux yeux des adultes.


canicule, par Angèle Casanova @PoivertGBF (site gadins et bouts de ficelles)
"loin de la touffeur du logis
la peau offerte à la brise de l’East River
les corps reposent en confiance
sous le balancement
infime
du linge étendu
"


Pas de recension sur ce texte.


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Wana Toctouillou et Angèle Casanova
Colette, c’est la femme de Wana Toctouillou. Et la Sainte Colette, c’est le 6 mars, jour des Vases communicants de mars 2015. Il n’en fallait pas plus pour donner envie à Wana Toctouillou de partir sur ce fil-là. Le proverbe "Au jour de la Sainte Colette on entend chanter l’alouette" était le point de départ tout trouvé pour cet échange.

Au jour de la Sainte Colette, par Wana Toctouillou @Wanatoctouillou (site Emaux et gemmes des mots que j’aime)
"Une nourrice à Sainte Agathe
Voit son téton qui se dilate
"
Une suite de variations factices, plus ou moins paillardes, sur le modèle du proverbe point de départ, tisse ce poème primesautier, printanier, qui se lit avec un plaisir bondissant.


vol d’alouettes, par Angèle Casanova @PoivertGBF (site gadins et bouts de ficelles)
"le vent dans tes cheveux
comme un vol d’alouettes
"


Pas de recension sur ce texte.

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