par angèle casanova

le pont

mardi 11 novembre 2014

Un pont raye l’autoroute. Je m’approche de lui à vive allure. Il grandit dans le pare-brise. Je lève les yeux. Et les vois. Les vaches. Toute une file de vaches, qui se détache sur le ciel couchant. Gris ardoise orangé. Elles avancent. A la queue leu-leu. Lentement. Sur le pont. Joignant un point X à un point Y. Sous la houlette d’un maquignon invisible. Elles avancent. Seules. Sur ce pont. Elles dodelinent de la tête. Comme dans une fresque égyptienne. Leurs silhouettes claires se découpent sur ce morceau de ciel brouillé. Nul regard en contrebas. Les vaches, ça ne regarde rien. Au plancher des vaches comme au niveau des nuages. Elles avancent. Imperturbables. Le troupeau s’étire. Le long du pont. Il en occupe progressivement toute la largeur. Je tends le cou. Jusqu’au bord supérieur du pare-brise. Et lorsque je passe sous le pont, elles disparaissent. Dans la nuit du béton.

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