des priorités

Il sort de l’ascenseur et s’arrête. Un tout jeune bambin lui rentre dans le gras des mollets. L’homme penche en avant comme un navire à l’ancre et sourit dans le vague. Se retournant légèrement, il fait signe au petit de monter à l’abordage. Un casque de vélo jaune pétant vissé sur la tête, à moins d’un mètre du sol, celui-ci ne le voit pas. Il empoigne les jambes de son père et serre le plus fort possible. Le museau fermé, têtu. Le père est arrêté net dans son élan. Empêtré, rigolard, il tente de se dégager, mais rien à faire. Le petit le serre farouchement. Essentiellement. Plus question d’avancer. Plus question d’aller lire des livres à la bibliothèque. Plus question d’autre chose que de ça. Ses sentiments. Cette porte d’ascenseur lui semble parfaitement convenir à leur expression. Son père, il le serre. Il lui dit de s’arrêter. De l’écouter. Tant pis pour le casque. Tant pis pour les jambes. Tant pis pour les livres. Dans la vie, tout est affaire de priorités.