par angèle casanova

terre creuse

lundi 16 septembre 2013

Le visage peint, l’œil immuable, les mains tournées vers le ciel, elle est délicatement assise sur le secrétaire, près d’un flacon de parfum et d’une collection de boîtes anciennes. Elle fait face à la bibliothèque. Son regard vide fixe les livres. Monstres assoiffés de sang face à poupée belle époque. Aucun sentiment d’effroi sur son visage peint. Aucun mouvement de repli. Les cheveux blonds n’en finissent pas d’onduler. Statiquement. Elle regarde les livres où s’agitent démons et assassins sans vergogne, et elle reste là, paumes en l’air, innocente, assise un peu de travers, sa jupe rosée sagement étalée sur le bois du secrétaire. En son cœur, rien ne bat. Le vide y règne. Terre creuse, elle attend. Que les gens meurent. Qu’elle passe en d’autres mains. Qui se souviennent à sa place. De qui l’a mise en scène. Au fur et à mesure. Que le siècle passait. Pour l’heure, terre creuse, elle est assise. Sur mon secrétaire. Pour combien de temps.

<

Forum

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.