par angèle casanova

sinuer

dimanche 29 octobre 2006

Je n’aime pas qu’on me suive. Alors je marche en zigzagant. Repliée dans mon intériorité, j’écoute Emilie Simon, et je sinue, et je sinue…

Arrivée à la moitié du pont, je m’arrête. Je regarde les flots. L’île déserte où tout se cache. Y a-t-il un canard aujourd’hui, pour rompre la monotonie du courant ? Je respire largement. Je ferme les yeux. La musique me pénètre. Paix. Lucidité. Je me détourne de cette beauté qui m’écarte de mon chemin sinueux. Je garde pourtant les yeux fermés, et je me prends à chanter.

Dès les premières lueurs d’octobre… Je commence à chanter, innocemment, avec une joie puissante coincée dans la gorge. Et puis je réfléchis. Octobre. Octobre. Octobre. Alors, je chante encore plus fort, avec une joie encore plus intense. Ravalant la tristesse, les larmes. Courir, chanter, embrasser. J’ai faim.

Dès les premières lueurs d’octobre… Octobre est presque fini. Changer de mois, ouvrir une porte.

Alors, courir en chantant. Mordre les fruits, pleurer doucement, lécher ses larmes.
Je n’ai pas sombré. Le pied ferme, j’avance, ne chantant plus, le regard droit et fier. La journée va commencer. Je piaffe d’impatience. Les fleurs fanent, mais les saisons reviennent toujours.

Pourtant, moi, je ne reviendrai plus. Je suis partie, mais je suis toujours là. Fragile comme une fleur.

Pourtant, tout m’est engrais. Tout m’est engrais. Le monde me nourrit. Suis-je une fille aux longs bras de lierre ?

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