par angèle casanova

Suzy, par Nicolas Bleusher

vendredi 1er mai 2015

C’est embrouillé, encore indécis. Des clichés sans couleurs, des transparences, des superpositions : hauts murs, façades ouvragées donnant sur une cour étroite ; un dôme, des oiseaux de mer. Un instant de Bruges ou un morceau de Venise au printemps et que traversent, sans raison ni lien, des souvenirs de Londres en hiver. J’aime ces moments de trouble créatif quand la mémoire conflue avec l’imagination.

Il y a cette femme qui revient : en noir, de dos, sous un grand parapluie. Je n’en fais pas le tour. Je la sais désirable. Je mentalise – et cela me suffit – la forme, la couleur de ses lèvres. Elle quitte l’obscurité d’un porche ou hésite à s’engager dans la lumière. Je vois sa redingote évasée, une paire de bottes gainant jusqu’aux genoux. J’entends le bruit de ses pas sur le pavé mouillé...

Je lui ai donné un prénom : Suzy. Je lui cherche une histoire, des blessures, un destin. La clé, le mobile qui la feront progresser entre mes pages. Je crois qu’il lui manque quelque chose : une identité, un défaut, peut-être un accessoire. J’ai l’idée d’une valise, d’une sacoche plutôt, comme au début du siècle dernier, en cuir, avec des arrondis, des fermoirs en laiton. Un modèle léger, élégant, spacieux. Suzy Morland, infirmière. En rouge Coco. Ou bien, dans un genre différent, en Dior, en mauve, Suzy la bouchère...


Ce texte a été écrit à partir de la photographie Arrival, par SuzyTheButcher. L’auteur ne souhaitant pas que ses oeuvres soient utilisées sans son consentement, nous ne pouvons la reproduire dans cet article. Veuillez nous en excuser, et aller la voir ici.

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