actéon, par Angèle Casanova
mardi 8 juillet 2014
Ils sont quatre à l’avoir pris en flagrant délit. Quatre. C’est assez. Moins. Cela n’aurait pas suffi. Mais quatre. Alors il va mourir. C’est une erreur. Il clame. Répète. Je n’aurais pas dû être là. Voir. Je suis des vôtres. Mes frères. Ne me tuez pas. Nous avons fait la guerre ensemble. La guerre sainte. Nous avons cru ensemble. En une société selon Dieu. Ne me tuez pas. Je ne suis pas impur. Je suis des vôtres. Je l’ai vue sans son voile. Je le reconnais. Mais je chassais dans la forêt. Avec vous. Vous pouvez en attester. Je chassais. C’est une erreur. Tout est de sa faute. Que faisait-elle là. A se laver dans ce lac. Quel blasphème. Tuez-la. Mais ne me tuez pas. Je n’ai rien fait. J’ai juste joué de malchance. Je suis des vôtres. A jamais. Ou bien tuez-moi. Si c’est votre volonté. Je ne m’y opposerai pas. Mais ne la loupez pas. Elle. Par sa faute. Je meurs. Moi. Le plus fidèle. Que la première pierre l’aveugle. Que la deuxième la défigure. Elle le mérite. Et tuez-moi. Puisque je le mérite. Mais je ne renierai jamais ma foi. Jamais. Ni ma fidélité. A vous. Mes frères.