par angèle casanova

L’OS DE L’OBSCUR (brève autopsie des secrets), par André Rougier

vendredi 2 novembre 2012

(bien que conçu en grande partie avant sa disparition, je dédie ce texte à la mémoire et, surtout, à la présence de Maryse Hache, qui m’a réconcilié avec beaucoup de choses et, peut-être, – alors que je croyais que c’était fait depuis longtemps – avec une part presque oubliée de moi-même…)

Serré, mis de côté, tournant autour des cibles qui te dissimulent…

Ce n’est pas au secret de tenir ses promesses, mais aux captifs qui les monnayent.

Recouvrir toutes traces, murer le passage, effacer les sillons, toi qui fut heurt, et feinte, scintillement…

Jouissance du secret que d’être partagé avec qui saura le trahir…

Survie du caché retournant en son séjour, qui accueille et disperse sans ciller… (Paul le sut, mais l’emporta avec lui.)

Tienne la quête qui sépare, car comment mettre à jour ce qui n’est pas ?

Trève de l’heure, cruauté de l’incommensurable enfance…

À quoi bon lever les masques, vendre la mèche, rompre l’aimant de ces guetteurs approchés comme par défaut ou par mégarde ?

Tu n’es QUE celui que tu es – fait, non pas pour ceindre de remparts les mystères, mais pour en bâtir quelques-uns…

Face à face avec ce fragment d’abîme, le Prince des Modifications, ni immergé, ni témoin…

Rien n’est régi, rien ne s’offre, mais se façonne – mais pas à ton image.



Il y a dans tout secret – dans ses recoins où ne bruit plus la rage de l’heure, dans ce qui vacille, détisse et dérobe comme dans la distance qui nous en sépare, dans la trame de foulées et venins que cache la violence du dire, dans l’ordre celé qui de toujours en altère la donne, dans le sourd devenir des formes enfin délivrées du souvenir et de l’asservissement au Retour en ces lieux où le regard s’offre sans te consumer – quelque chose d’indûment dévié, pareil au fugueur qui excède ses traces et que nul ne saura brider, quelque chose noir qui n’a pas de nom, et jamais n’en aura…
Se laisser toiser, alors, par cette nuit sans émules, qui dévalue l’apparence, affranchit de l’effroi comme du serment du paraître, restitue la capture qui en est inertie et besoin, forge les preuves de l’instant en son frugal mutisme, où ce qui EST n’est plus prédicat à extorquer…
Divination sans clefs, approche avouée du désaveu que trame et faute n’entachent plus, par où tu t’ouvres et t’achèves…
Parenté s’arcboutant à qui la recouvre, soustraite au murmure qui, de toujours à dérober, te fit enfin don du poids de son errance…
"Ton secret est tel que les mots le dissimulent sans le porter – énigme en soi et des genèses, pas de ses haïssables sources."

(Texte et photos : André Rougier)

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